[1942 – 2018] Aretha Franklin Posted août 17, 2018 by admin

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Aretha Franklin est morte. La chanteuse américaine âgée de 76 ans est décédée jeudi, annonce l’agence AP qui relaie un communiqué de sa famille. La reine de la soul était hospitalisée dans un état grave, avait-on appris lundi. Elle laisse derrière elle des titres de légendes comme « Think », « Respect » ou « I say a little prayer ».

Aretha Franklin, à qui un cancer a été diagnostiqué en 2010, a chanté pour la dernière fois en novembre 2017 au profit de la fondation d’Elton John contre le sida. Son dernier concert avait eu lieu à Philadelphie, en Pennsylvanie, en août 2017. « C’était un spectacle miraculeux étant donné qu’Aretha combattait déjà l’épuisement et la déshydratation », souligne le journaliste et ami de la famille Roger Friedman.

Son énergie sur scène, sa gouaille et son sourire en faisait une figure positive et joyeuse, mais beaucoup de ceux qui l’ont connu évoquaient un côté plus sombre. Mère pour la première fois à 13 ans, puis de nouveau à 15 ans, deux fois divorcée, Aretha Franklin a parfois laissé entendre que son histoire amoureuse était jalonnée de déceptions, même si elle se réfugiait toujours derrière une indéfectible pudeur.

Enfant, elle chantait du gospel

Fille de pasteur, elle a fait ses gammes dès 9 ans en chantant du gospel à la New Bethel Baptist Church, où officiait son père, connu également pour ses engagements en faveur des droits civiques. « Je ne voulais vraiment pas chanter au début, mais mon père a insisté », expliquait-elle en 1990 dans un entretien à l’émission « 60 Minutes » de CBS.

Bien que révélée à Detroit, où sa famille avait emménagé durant son enfance, elle n’aura pas été une artiste des célèbres studios Motown, son père ayant refusé de la laisser signer avec le jeune label.

À 18 ans, en 1960, Aretha Franklin laisse ses deux fils à sa grand-mère et part à New York. John Hammond, qui a découvert Billie Holiday et Count Basie (il repérera plus tard Bob Dylan et Bruce Springsteen), la signe chez Columbia. Elle sort son premier disque important, The Great Aretha Franklin.

Columbia veut faire d’elle une chanteuse de jazz. Elle s’y emploie, en une dizaine d’albums, sans décoller. Mais, en 1967, elle signe chez Atlantic où son tempérament va s’épanouir. I never loved a man, Respect, Baby I love you, A natural women sortent cette année-là. Un phénomène s’impose, génial, triomphant, insolent.

Sa reprise de Respect d’Otis Redding, avec ses sœurs déchaînées en choristes, devient un hymne de libération, d’affirmation féministe et de provocation sexuelle. Le cri d’une femme noire, le son d’une époque. En trois albums, Aretha Arrives (1967), Lady Soul (1968) et Aretha Now (1968), l’Amérique la sacre « Queen of soul ».

Le 9 avril 1968, Aretha Franklin chante Precious Lord aux obsèques de Martin Luther King. Qui d’autre aurait pu accompagner ainsi la douleur et la foi immense de ceux qui pleurent le pasteur assassiné ? C’est dans les hymnes, entre gospel et rhythm and blues, entre sacré et profane, qu’elle trouve ses plus beaux accents, comme pour I say a little prayer. L’album Amazing Graceenregistré en 1972 dans un temple baptiste de Los Angeles la porte encore plus haut.

 

 

Un symbole politique et une icône des droits civiques

Entraînée dans le mouvement des droits civiques par son père, elle en deviendra ensuite l’une des messagères, même si elle a toujours assuré n’avoir jamais envisagé le titre « Respect », devenu un hymne émancipateur, comme une chanson engagée.

A 16 ans, elle effectua une tournée avec Martin Luther King, puis chanta lors de ses funérailles en 1968. En 2005, elle avait reçu du président George W. Bush la médaille de la Liberté, la plus haute distinction américaine pour un civil.

En janvier 2009, elle avait chanté pour l’investiture du président Barack Obama, premier président afro-américain de l’Histoire des Etats-Unis, qui a salué la chanteuse disparue dans un message posté sur Twitter. Elle avait déjà chanté pour l’investiture du précédent président démocrate, Bill Clinton, en 1993.

« Elle nous a aidés à être plus connectés les uns aux autres, plus optimistes, plus humains », ont écrit les époux Obama. « Et parfois, elle nous a aidés à danser et à oublier tout le reste. »

Angélique Kidjo raconte dans ses mémoires l’impact immense de cet album, arrivé chez elle, au Bénin, l’année de ses 12 ans. «C’était la première fois que je voyais une Noire sur une pochette de disque  : Aretha est assise sur les marches d’une église dont on aperçoit la porte ouverte, vêtue d’une magnifique robe africaine. Elle regarde droit dans l’objectif avec un petit sourire et un regard tellement serein. Tout dans cette image évoque des chemins qui s’ouvrent et un monde de possibilités ».

Devenue un symbole politique et une icône des droits civiques autant qu’une star mondiale, Aretha Franklin chantera God Bless America pour l’investiture du président Jimmy Carter en 1977, I dreamed a dream pour celle de Bill Clinton en 1993 et My Country ’Tis of Thee, pour celle de Barack Obama en 2009. George W. Bush lui remettra en 2005 la médaille de la Liberté, la plus haute distinction américaine pour un civil.

Deux fois mariée, elle a encore deux autres garçons, sans cesser de travailler avec les plus grands, Eric Clapton, Quincy Jones, Bobby Womack, Elton John… Elle fait une apparition sensationnelle dans Les Blues Brothers en 1980, reprend avec brio Jumping Jack Flash des Rolling Stones pour le film de 1986.

La reine de la soul sera la première femme à entrer, en 1987, au Rock and Roll Hall of Fame. En 1997, elle réalise un rêve : à 55 ans, elle est admise à l’école Julliard de New York pour y étudier le piano classique. Parmi ses derniers accomplissements, elle chante Amazing Grace devant le Pape François lors de la Rencontre mondiale des familles à Philadelphie en 2015.

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Aretha Franklin en 15 dates

25 mars 1942 : Naissance à Memphis, Tennessee

1954 : Premier solo à l’église, à Detroit, Michigan

1960 : Débuts chez Columbia

1967 : Signe chez Atlantic Records. Triomphe avec Respect.

1968 : Chain of Fools et I say a little prayer

1968 : Chante aux obsèques de Martin Luther King

1972 : Album Amazing Grace

1980 Film The Blues Brothers

1999 Publie Aretha  : From These Roots

2005 : Reçoit la médaille de la Liberté

2009 : Chante pour les 91 ans de Nelson Mandela

2010 : Un cancer lui est diagnostiqué

2015 : Chante devant le pape François à Philadelphie

16 août 2018 : Mort à Detroit

 

 

 

 

Sources : Le Parisien, La Croix, Le Monde

 

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